Dans cette série de billets concernant le management, j’attire aujourd’hui l’attention sur l’autorité sapientiale. Si l’autorité peut paraître désuète, elle n’en demeure pas pour autant l’un des piliers du fonctionnement social.
Edgar Morin écrivait au sujet de l’autorité : « D’abord, il faut dire que le terme de sagesse est aujourd’hui totalement dévalué. Il n’existe aucune sagesse moderne. Notre société non seulement ne produit pas de sagesse, mais, dès l’école,
elle nous invite à considérer comme risible cette réalité et le mot qui la désigne. L’autorité sapientiale n’est pas une autorité dans le sens fort du mot puisqu’elle ne donne pas d’ordres. Elle est plutôt une autorité qui instruit et qui s’instruit en instruisant. Nous sommes donc renvoyés à un problème social multidimensionnel. »
Qu’est-ce que l’autorité sapientiale ?
Vous connaissez mon goût de l’étymologie ! Après avoir précédemment défini le sens du mot autorité, quel est celui du terme « sapientiale ». Il nous vient du latin « sapientialis », dérivé de « sapientia » qui signifie la sagesse, l’intelligence.
L’autorité sapientiale désigne un ensemble de qualités par lesquelles quelqu’un s’affirme et développe un crédit, une influence par sa sagesse auprès des autres. Ces qualités sont d’ordre moral (la justice, la bonté, la fidélité, l’honnêteté…), elles sont également liées à des capacités (écouter, faire preuve d’empathie, de tempérance, d’acceptation des différences…) et à des connaissances (culturelles, techniques, relationnelles…).
Comment se matérialise-t-elle ?
Ce sont nos comportements qui traduisent l’expression de notre système de valeur, de nos croyances et de nos intentions. En la matière, nous sommes tous exposés car notre manière de nous comporter raconte ce que nous sommes sur le plan de la sagesse sans fard. Voici quatre illustrations pour situer ce dont je parle :
Comment développer ses qualités personnelles pour renforcer cette forme d’autorité ?
Il s’agit probablement du travail d’une vie ou plus ! Dégrossir sa pierre en utilisant chaque situation comme un terreau d’apprentissage. Concrètement, demandons-nous le plus régulièrement possible si nous avons agi conformément aux
valeurs que nous souhaitons porter. Identifions nos réussites et sachons les célébrer. Repérons aussi nos sources de progrès au regard des dérives de notre ego (par idéologie, par intérêt ou par ignorance) et au regard de nos erreurs
comportementales (autrui est un excellent miroir de nos écarts).
Toutes les interactions sont des opportunités, pour les autres de mesurer notre sagesse, et pour nous de la faire croître.
En tant que manager, nous sommes sous le feu des projecteurs et nos équipes observent quotidiennement nos comportements. Ils en déduisent inévitablement une évaluation au mieux, plus souvent un jugement quant à notre sagesse. Une part de notre crédibilité managériale en dépend directement, c’est pourquoi cet axe de travail est une nécessité à remettre sur le métier tous les jours. Quel plaisir et quelle sérénité lorsque nous réussissons à appréhender une situation plus sagement !